Mercredi 5 juillet 2023 à Béziers : Mon intervention au nom du PCF lors du rassemblement en hommage à Nahel

Chères amis et camarades,

Il est une expression qui, me semble t-il, convient bien à la situation que nous vivons c’est de garder en toute circonstance le cœur chaud et la tête froide.

Et c’est bien avec le cœur chaud que nous avons lancé cette initiative de solidarité avec la famille de Nahel, solidarité avec leur peine, solidarité avec leur colère et solidarité avec la dignité par laquelle ils les expriment.

La dignité notamment avec laquelle sa grand-mère a lancé un appel au calme dans les moments les plus critiques des émeutes que nous avons connu en fin de semaine dernière.

Et avec la tête froide, il m’est impossible de ne pas avoir un mot pour condamner ces violences, toutes ces violences, des dégradations de services publics, aux atteintes aux biens, à l’agression d’élus comme à l’Haÿ-aux-Roses.

Tout cela ne rend éminemment pas hommage à Nahel pour lequel nous exigeons la justice et la vérité, sans lesquelles il ne peut y avoir de pacte républicain, sans lesquelles il ne resterait qu’une justice de classe.

Nous l’avons vu ces derniers jours, cette situation n’a contribué qu’à la division du peuple et en premier lieu des classes populaires, là où au contraire tous les moyens doivent être mis en œuvre pour lui permettre de se rassembler : sinon nous laissons les forces les plus réactionnaires de notre pays s’accaparer la définition du champs républicain.

Que ce soit le communiqué fascisant publié par quelques syndicats de police et appelant ni plus ni moins à la guerre civile où l’ignominieuse cagnotte lancée par l’éditorialiste d’extrême-droite Jean Messiha en opposition à celle pour venir en aide à la mère de Nahel, nous voyons bien comment celles et ceux qui prônent le tous contre tous ne se cachent même plus.

Ce racisme décomplexé doit être fermement condamné et combattu, c’est une question que nous devons prendre à bras le corps de façon exemplaire et collective.

Cela en dit long sur l’état de notre pays et de notre société et cela en dit encore plus long, à la fois sur l’ampleur du chantier de reconstruction de notre République et sur la nécessaire mobilisation populaire pour que celle-ci ne se fasse pas contre les intérêts de notre classe.

Et à ce titre, les annonces d’Emmanuel Macron d’hier ne laissent pas augurer la moindre inflexion dans la politique désastreuse conduite envers nos quartiers populaires et leurs habitants. Elles se résument à lancer un plan d’urgence pour la reconstruction, ce qui ne satisfait que les assurances, et des annonces sur une réforme du fonctionnement de la justice des mineurs, reprenant les vieilles rengaines de la droite.

Du saupoudrage pour réagir à l’actualité, aucun état des lieux, aucune remise en compte des politiques conduites. Pourtant dans nos quartiers populaires, comme d’ailleurs dans nos villes moyennes et rurales, une même souffrance est là dans la population et particulièrement dans la jeunesse, dans le monde du travail avec un même sentiment de relégation provoqué par des décennies de politiques ultra libérales.

Des millions de français y vivent une situation intenable, frappés par la pauvreté et la précarité, qu’elles résultent de la privation d’emploi ou d’un travail dévalorisé et peu rémunéré, constatant des services publics et des petits commerces disparaissant les uns après les autres, un tissu associatif s’affaiblissant jusqu’à parfois disparaître, une absence de sécurité et de tranquillité publique, qui sont pourtant des droit fondamentaux.

A ce titre le discours martelé par Robert Ménard depuis lundi est insupportable de mépris : il ne suffit pas de clamer que 197,5 millions d’euros ont été investis dans le cadre de la Politique de la Ville, comme si cette politique se contentait de jeter des miettes aux nécessiteux. Il faut questionner les résultats : quid du lien social, du tissu associatif, de l’action culturelle ? Mais aussi quid du taux de chômage, des services publics, de la lutte contre les trafics dans nos quartiers populaires ?

Détruire les grands logements de la barre Capendeguy et d’autres sans prévoir leur remplacement, les remplacer par des espaces verts sans qu’aucune condition ne soit là pour faire vivre les quartiers c’est aller à l’échec. Derrière l’urbanisme il faut des grands services publics.

Des moyens pour les quartiers ce ne sont pas seulement des murs, des moquettes et des néons, ce sont des équipes, des animateurs, des éducateurs et des projets de loisirs, de sport et de culture. J’en profite pour exprimer tout le soutien des communistes aux bénévoles de ces associations, aux travailleurs sociaux, aux animateurs qui se démènent avec des moyens souvent dérisoires. Personne dans l’expression publique n’a eu un mot pour elles et eux, je tenais à corriger cette injustice.

N’oublions pas non plus que Robert Ménard a commencé son mandat en 2014 en supprimant un centre social à la Devèze.

Et quand il demande une révision des missions de la Police Municipale pour pallier aux manques d’effectifs de la Police Nationale. Là n’est pas l’enjeu et il est trop facile et politicien de dédouaner les responsabilités politiques.

10.000 postes de fonctionnaires de police et de gendarmes supprimés par Sarkozy, particulièrement dans la Police Judiciaire qui peine à instruire, la suppression des polices de proximité par le même au prétexte que ça ne marcherai pas ! J’ai plutôt tendance à penser que les relations entre la police et les habitants des quartiers populaires se sont fortement dégradés depuis la mise en place de la doctrine sécuritaire et la fin de l’îlotage.

Au rebours de Robert Ménard, c’est pourtant cette mission de l’îlotage que devraient s’atteler les polices municipales, assorties d’un grand plan de recrutement et de réforme de l’institution policière à commencer par mettre fin aux ordonnances de 2017 sur l’usage de l’arme de service. Mais aussi recruter des magistrats, des éducateurs, mettre des moyens dans l’école, dans la culture, le sport et si la liste n’est pas exhaustive, elle démontre l’urgence à sortir des logiques d’austérité, des logiques au service du Capital.

Quand le même dit dans Midi Libre ce matin que les gens ne veulent pas du vivre ensemble et que la mixité sociale est un vœux pieux, je lui rétorque que les deux ne s’achètent pas mais se construisent : et ce n’est pas le choix politique qu’il a fait.

C’est le sens du plan de réconciliation nationale par la reconquête républicaine lancé par le PCF et de l’appel de 100 maires communistes, pointant 15 priorités et les mettant au débat :

Le document complet est disponible en cliquant sur le lien suivant.

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